Couturier
Pour moi, les tissus ayant un attrait particulier, j'ai toujours voulu m'en servir. Lorsque j'ai eu entre 12 et 14 ans, je ne connaissais que peu de choses de ce milieu, habitant une ville ouvrière en pleine reconstruction. Quelques années plus tard, j'ai côtoyé une certaine catégorie de personnes socialement beaucoup plus aisée, et les noms qui revenaient sans cesse, étaient Dior, Balmain, Chanel, etc ... J'ai appris à découvrir leurs propres styles, les modes, les tissus qu'ils employaient, les dentelles, etc ... Beaucoup plus tard, j'ai eu la chance d'habiter Granville et de découvrir le berceau de la famille Dior. C'était inespéré ! Lorsque le musée a été créé, j'ai pu enfin approcher les collections en devenant adhérente des Amis du Musée Christian Dior. Tous les ans, une nouvelle présentation de tout ce travail nous est offerte, et malgré les très belles réalisations de tous ces magiciens de la mode passés et contemporains, Christian DIOR sera toujours mon idole, ayant su, à mon goût personnel, parer le corps de la femme, tout en lui donnant une grande liberté. Parmi les accessoires de la mode, les parfums dégagent une très grande attention de création également. Leurs subtilités de nuances olfactives nous entraînent dans de merveilleux jardins fleuris, telle la roseraie ou le promontoire face à la mer, sur le côté de la villa "Les Rhumbs" qui ont bercé et imprégné toute la vie du couturier. Les modes seront toujours des créations uniques, qui sont le reflet de leur concepteur, dans quelque domaine que ce soit. Grâce au musée Christian DIOR, j'ai donc pu créer ces modèles "bleu" et "rouge".
L'esquisse de cette toilette, réalisée par le dessinateur de Christian DIOR, Monsieur BLOSSAC n'a jamais été réalisée par le couturier. Ce modèle bleu, de même que le rouge, visible sur la photo de droite, sont les deux seuls modèles de Christian DIOR qu'il ait été permis de réaliser, car vendus sous forme de carte postale au grand public. Cette esquisse non réalisée est pourtant le symbole de ce que Christian DIOR cherchait à faire paraître de la femme : le corps bien positionné et beaucoup de féminité et de grâce. J'ai réalisé ce modèle en utilisant du satin blanc que j'ai teinté de bleu, puis délavé de façon successive pour arriver à donner cette teinte si originale du modèle. Ce dégradé de bleu est une teinte qui n'existe pas dans la réalité, puisque ce modèle est resté à l'état d'esquisse. Aucun tissu n'a donc été créé pour la réalisation en atelier de haute couture de cette tenue. Je l'ai utilisé pour le bustier portant le célèbre drapé incontournable de DIOR, qui surmonte la taille de guêpe du modèle. Les hanches sont drapées dans ce fourreau bleu pâle, laissant deviner les longues jambes juste moulées sur le devant. Partant de la taille, une traîne très souple au tombé voluptueux, termine cette tenue. C'est un rêve permanent !
Cette robe rouge saumonée est une création Christian DIOR, mais l'esquisse a elle été réalisée par son dessinateur, Monsieur GRUAU. Ce modèle rouge, de même que le bleu, visible sur la photo de gauche, sont les deux seuls modèles de Christian DIOR qu'il ait été permis de réaliser, car vendus sous forme de carte postale au grand public. La tenue reproduite ici est en satin Haute-Couture, le plus proche possible du modèle initial. C'est une robe toute simple sur le devant. Quelques fronces sur les côtés donnent toute l'aisance de ce modèle. La traîne, en tulle, très importante et aérienne à la fois, est tenue simplement en haut du décolleté du dos. Elle personnalise cette tenue d'un chic extraordinaire. Collier de strass et boucles d'oreille garnissent ce buste très altier avec ce haut chignon. De longs gants noirs complètent l'harmonie de ce croquis.
Cette villa est la maison natale de Christian DIOR, surplombant la promenade du Plat-Gousset, face à la mer. Elle est entourée d'un jardin, qui a inspiré les couleurs de ses créations parfumées et de haute-couture. Le muguet, symbole porte-bonheur, et fleur emblématique du printemps par excellence, est devenu la fleur de Christian DIOR. En 1947, Christian DIOR lance un nouveau concept : outre sa maison de couture, il y associe les accessoires et les cosmétiques, avec le parfum qui finit d'habiller la robe. DIORISSIMO, lancé en 1956 est le parfum qui éblouit les femmes et il devient un succès mondial. Sans aucune essence de muguet, ce parfum donne une impression de muguet frais cueilli et prône le retour aux parfums floraux naturels et simples. Diorissimo adulé par les femmes sera le dernier parfum créé du vivant de Christian DIOR. Dans ses ateliers de haute-couture, il en offre symboliquement un brin à chacune de ses clientes et de ses petites mains chaque 1er Mai. Christian DIOR s'en inspire et en fait la fleur phare de sa collection printemps-été 1954. Chaque modèle du défilé haute-couture possède un brin de muguet glissé dans le vêtement. Il poussera ce paroxysme du muguet jusqu'à confectionner la robe du "Mois de Mai" pour la collection printemps-été 1957. Elle est confectionnée en organdi imprimé noir et muguet selon le dessin de Brossin de Méré, avec une capeline garnie de clochettes de muguet. Christian DIOR, génie créatif visionnaire, nous a transmis une alchimie de l'élégance française réunissant haute-couture et parfum.