La raison d'être de la Mode sur Gravures

La Mode sur Gravures

Si, comme moi, vous avez la faculté de vous imaginer dans ces belles tenues du 19 ème siècle, alors je vous propose ma plus belle galerie de gravures anciennes de mode illustrée, selon le magazine féminin du même nom.

Chacune des ces gravures que je vous présente était insérée chaque dimanche dans le magazine "La Mode Illustrée". Il fut de bon ton, pendant longtemps de posséder une de ces gravures encadrées, décorant son intérieur.

Les élégantes attendaient chaque dimanche avec impatience pour se procurer leur hebdomadaire favori : "La Mode Illustrée", pour la mode, un patron, une gravure, la lecture et les jeux. Elles étaient ainsi toujours informées des tendances et des styles, et pouvaient à loisir exiger de leurs couturières la réalisation de ces nouveaux modèles.

Ne me satisfaisant pas de cette facilité, j'ai voulu rendre ces images encore plus inoubliables, en les parant de beaux tissus, rubans et dentelles, dans le respect au maximum du dessin originel.

Chacune de ces gravures mise en situation par l'auteur de l'époque porte un nom évocateur, et je vous invite maintenant à vous promener parmi les belles et les élégantes de cette époque.

Enfin, rêvez en parcourant le menu "Des trésors de gravures" et découvrez l'ensemble de mes gravures n'ayant pas encore revêtu leurs parures textiles, et laissez-vous surprendre par ces belles images du XIXème siècle.

A vos rêves !

Christian DIOR

Couturier

Pour moi, les tissus ayant un attrait particulier, j'ai toujours voulu m'en servir. Lorsque j'ai eu entre 12 et 14 ans, je ne connaissais que peu de choses de ce milieu, habitant une ville ouvrière en pleine reconstruction. Quelques années plus tard, j'ai côtoyé une certaine catégorie de personnes socialement beaucoup plus aisée, et les noms qui revenaient sans cesse, étaient Dior, Balmain, Chanel, etc ... J'ai appris à découvrir leurs propres styles, les modes, les tissus qu'ils employaient, les dentelles, etc ... Beaucoup plus tard, j'ai eu la chance d'habiter Granville et de découvrir le berceau de la famille Dior. C'était inespéré ! Lorsque le musée a été créé, j'ai pu enfin approcher les collections en devenant adhérente des Amis du Musée Christian Dior. Tous les ans, une nouvelle présentation de tout ce travail nous est offerte, et malgré les très belles réalisations de tous ces magiciens de la mode passés et contemporains, Christian DIOR sera toujours mon idole, ayant su, à mon goût personnel, parer le corps de la femme, tout en lui donnant une grande liberté. Parmi les accessoires de la mode, les parfums dégagent une très grande attention de création également. Leurs subtilités de nuances olfactives nous entraînent dans de merveilleux jardins fleuris, telle la roseraie ou le promontoire face à la mer, sur le côté de la villa "Les Rhumbs" qui ont bercé et imprégné toute la vie du couturier. Les modes seront toujours des créations uniques, qui sont le reflet de leur concepteur, dans quelque domaine que ce soit. Grâce au musée Christian DIOR, j'ai donc pu créer ces modèles "bleu" et "rouge".

Christian DIOR - modèle bleu

L'esquisse de cette toilette, réalisée par le dessinateur de Christian DIOR, Monsieur BLOSSAC n'a jamais été réalisée par le couturier. Ce modèle bleu, de même que le rouge, visible sur la photo de droite, sont les deux seuls modèles de Christian DIOR qu'il ait été permis de réaliser, car vendus sous forme de carte postale au grand public. Cette esquisse non réalisée est pourtant le symbole de ce que Christian DIOR cherchait à faire paraître de la femme : le corps bien positionné et beaucoup de féminité et de grâce. J'ai réalisé ce modèle en utilisant du satin blanc que j'ai teinté de bleu, puis délavé de façon successive pour arriver à donner cette teinte si originale du modèle. Ce dégradé de bleu est une teinte qui n'existe pas dans la réalité, puisque ce modèle est resté à l'état d'esquisse. Aucun tissu n'a donc été créé pour la réalisation en atelier de haute couture de cette tenue. Je l'ai utilisé pour le bustier portant le célèbre drapé incontournable de DIOR, qui surmonte la taille de guêpe du modèle. Les hanches sont drapées dans ce fourreau bleu pâle, laissant deviner les longues jambes juste moulées sur le devant. Partant de la taille, une traîne très souple au tombé voluptueux, termine cette tenue. C'est un rêve permanent !

Christian DIOR - modèle rouge

Cette robe rouge saumonée est une création Christian DIOR, mais l'esquisse a elle été réalisée par son dessinateur, Monsieur GRUAU. Ce modèle rouge, de même que le bleu, visible sur la photo de gauche, sont les deux seuls modèles de Christian DIOR qu'il ait été permis de réaliser, car vendus sous forme de carte postale au grand public. La tenue reproduite ici est en satin Haute-Couture, le plus proche possible du modèle initial. C'est une robe toute simple sur le devant. Quelques fronces sur les côtés donnent toute l'aisance de ce modèle. La traîne, en tulle, très importante et aérienne à la fois, est tenue simplement en haut du décolleté du dos. Elle personnalise cette tenue d'un chic extraordinaire. Collier de strass et boucles d'oreille garnissent ce buste très altier avec ce haut chignon. De longs gants noirs complètent l'harmonie de ce croquis.

Granville - La Villa LES RHUMS

Cette villa est la maison natale de Christian DIOR, surplombant la promenade du Plat-Gousset, face à la mer. Elle est entourée d'un jardin, qui a inspiré les couleurs de ses créations parfumées et de haute-couture. Le muguet, symbole porte-bonheur, et fleur emblématique du printemps par excellence, est devenu la fleur de Christian DIOR. En 1947, Christian DIOR lance un nouveau concept : outre sa maison de couture, il y associe les accessoires et les cosmétiques, avec le parfum qui finit d'habiller la robe. DIORISSIMO, lancé en 1956 est le parfum qui éblouit les femmes et il devient un succès mondial. Sans aucune essence de muguet, ce parfum donne une impression de muguet frais cueilli et prône le retour aux parfums floraux naturels et simples. Diorissimo adulé par les femmes sera le dernier parfum créé du vivant de Christian DIOR. Dans ses ateliers de haute-couture, il en offre symboliquement un brin à chacune de ses clientes et de ses petites mains chaque 1er Mai. Christian DIOR s'en inspire et en fait la fleur phare de sa collection printemps-été 1954. Chaque modèle du défilé haute-couture possède un brin de muguet glissé dans le vêtement. Il poussera ce paroxysme du muguet jusqu'à confectionner la robe du "Mois de Mai" pour la collection printemps-été 1957. Elle est confectionnée en organdi imprimé noir et muguet selon le dessin de Brossin de Méré, avec une capeline garnie de clochettes de muguet. Christian DIOR, génie créatif visionnaire, nous a transmis une alchimie de l'élégance française réunissant haute-couture et parfum.

Toilette d'apparat blanche

La robe est créée dans un organza blanc, froncé à la taille. Le bustier est assorti, ainsi que les courtes manches ballon. La jupe est agrémentée par quatre volants d'une dentelle blanche centenaire, en tulle rebrodé, en tout petits festons. Sur ces quatre volants, de nombreux nœuds de soie y sont disposés, ainsi que de minuscules bouquets de roses de soie.

Sur le décolleté et les manches, nous retrouvons les mêmes garnitures. La taille allongée est rehaussée d'un bouquet de roses, et de ses deux pans de soie. La coiffure est surmontée par un diadème doré et fleuri, et les cheveux maintenus à l'arrière de la tête par un superbe catogan très fleuri, laissant échapper des repentirs le long du cou.

Le collier de deux rangs est en perles, le bracelet en métal doré. Le costume de son cavalier est composé d'une redingote et d'un pantalon réalisés en taffetas vert. Le gilet est en satin broché. Les manchettes et le jabot sont en dentelle sur la chemise blanche, dont nous ne pouvons apercevoir que le col.

Un bas blanc moule cette élégante jambe, chaussée d'un soulier de satin noir, à boucle métallique dorée. Le bicorne est en velours noir.

Toilette d'apparat bleue

Cette toilette bleue pâle est constituée d'une jupe froncée à la taille, d'un bustier ajusté aux courtes manches ballon.

Une bande de linon plissée main et teintée bleu ciel constitue la base de la jupe. Celle-ci étant pour le haut, recouverte d'une bande de dentelle de tulle brodé, teinté, datant du début du siècle et froncée. Les manches et le bustier sont aussi ornés de vieilles dentelles. De gros nœuds d'organza bleu pâle ornent la taille allongée et le côté de la jupe.

Les cheveux forment de larges bandeaux, maintenus par un diadème doré, ainsi qu'un catogan de fleurs de soie bleue, maintenant ce chignon. Les bijoux sont en métal doré. Le maître de maison porte un pantalon resserré en taffetas noir, ainsi qu'une jaquette cintrée, bordée d'un élégant galon, de même que le bas des manches. Le gilet blanc est en satin, laissant apparaître en son milieu les surplis de dentelle formant le jabot. Les manchettes de dentelle, au bout des manches retombent légèrement sur les mains.

Une chaînette dorée reliant la montre gousset et l'épée portée au côté donnent l'importance de son rang. Le bas des jambes est recouvert de bas noirs moulants, le tout étant complété par des chaussures de satin noir, recouvertes d'une grosse boucle en métal doré. Un bicorne de velours noir complète l'élégant costume de ce gentleman, avec barbichette, jolie moustache et cheveux noirs ondulés.

Open de tennis

A cette époque, nous sommes encore bien loin des jupettes actuelles.Cette jeune personne est habillée d'une longue jupe en soie turquoise, très large, avec plusieurs volants, pour ne pas entraver les mouvements, un chemisier de soie blanche à larges manches avec poignets de dentelle retombant sur les mains.Le plastron de ce chemisier est en dentelle ancienne avec volants.Une jolie ceinture gansée maintient la taille avec fermeture en métal doré. La chevelure est remontée en un gros chignon.Les spectateurs sont, pour la dame, en toilette de soie rose pâle, et le tennisman est lui tout de blanc vêtu, avec cravate et casquette.Cette gravure de l'open de tennis, de même que le tournoi de golf (visible sur la rubrique suivante) est une reproduction des tableaux réalisés par Hélène H. CLAPSAADDLE.

Tournoi de golf

Pour ce tournoi de golf, cette jeune personne porte une très large jupe de soie blanche, réalisée en plein biais avec un chemisier de soie saumon, agrémenté d'une étroite ceinture écossaise, qui est assortie à l'élégante casquette écossaise également, posée sur cette superbe chevelure blonde. Le golfeur porte le large pantalon de satin marron, resserré sous les genoux, avec de grandes chaussettes écossaises à revers. Chemise blanche au col officier et petits nœuds plats, large ceinture à la taille. La veste en tissu léger est avec des revers blancs au col et aux poignets, en harmonie également avec la casquette de satin blanc. Le jeune garçonnet portant les cannes, a lui, un costume en taffetas vert foncé, avec pantalon bouffant et veste courte doublée de tissu beige, portée sur une chemise blanche. Il a de longs cheveux bouclés, sur lesquels est posée une casquette de drap blanc. Cette gravure du tournoi de golf, de même que l'open de tennis (visible sur la rubrique précédente) est une reproduction des tableaux réalisés par Hélène H. CLAPSAADDLE.

Sur la place de l'Isthme

Gravure N° 100 - Louis Marie LANTE

Cette granvillaise, se promenant au pied des remparts de la Haute-Ville est vêtue d'une jolie jupe froncée bleu pâle, recouverte d'un grand tablier de satin noir.

Un chemisier de soie vert pâle est lui aussi recouvert d'un grand châle de satin blanc noué sur le côté de la taille, lui enveloppant tout le buste, et recouvrant le haut des bras, tout en laissant apparaître plusieurs rangées de dentelle par l'échancrure du châle.

Quelques mèches de cheveux sont visibles sur le haut du front, sinon la blanche bavolette en organdi lui maintient toute sa coiffure.

La dentellière de Bayeux

Cette bayeusaine âgée, avec son carreau posé sur ses genoux, est en pleine création artistique : elle manie ses fuseaux entre ses doigts de la main gauche, tandis qu'elle prépare de la main droite, les épingles qu'elle enfoncera au fur et à mesure des points réalisés sur son modèle de dentelle.

C'est ainsi qu'au fil du travail, la bande de dentelle centrale s'allongera et prendra son aspect définitif. L'ensemble du costume de cette dentellière est composé d'un joli corsage jaune à manches très larges, protégé par un tablier à bavette, ainsi que par des manchettes assorties.

La jupe dépassant du tablier est de couleur marron, dont on retrouve cette tendance dans le châle écossais enveloppant ses épaules. La dentellière arbore la coiffe usuelle du secteur de Bayeux (Calvados). Cette coiffe du Bessin est en mousseline de coton blanche, ornée de deux barbes, dont le pourtour est agrémenté d'un volant de véritable dentelle. A l'extrêmité de chacune de ces barbes, dépasse un lien permettant de les attacher ensemble.

L'arrière de la coiffe est constitué d'une bonnette très froncée, d'une grande profondeur afin de maintenir l'ensemble de la chevelure. Une bande de mousseline est fixée entre les fronces de ce bonnet et les bords de la coiffe sur son front. A cette époque, le travail de la dentelle était réalisé à façon, à domicile, ou dans des ateliers spécialisés. Il est à noter que la dentelle, à destination des classes sociales aisées était l'ouvrage des femmes de condition modeste

Entre Maurienne et Tarentaise :
Bourg Saint-Maurice

Riche de costumes traditionnels très différents d'un canton à l'autre, certaines communes de la vallée de Tarentaise peuvent même s'enorgueillir d'en posséder plusieurs : c'est le cas de Bourg-Saint-Maurice, dont j'ai pu réaliser le costume ancien, avant celui des jours de fête.

Dans ces tableaux, les robes ou jupes, en tissu de laine ou de drap épais étaient agrémentées de "baigneuses", bandes de velours noir, soie ou autre galons, de même que le bas des manches "gigot" terminées par une fine collerette de dentelle blanche.

Une frivolité, formée par un ruché de dentelles blanches tuyautées recouvrait le cou et la poitrine. Le châle de soie uni, broché, brodé de fils d’or ou d’ argent, avec de grandes franges tressées ou galonnées de passementeries, était retenu en haut du dos de la robe par une épingle à tête, formant les trois plis nécessaires pour que les pointes de celui-ci viennent entourer la frivolité sur la poitrine.

Parure d'apparat : la frontière, coiffe de
Bourg Saint-Maurice

Les coiffes sont très nombreuses et différentes d’un canton à l’autre. Elles portent les noms de Berre, Beréta, Calette, Bertin, la plus connue étant la Frontière de Bourg–Saint–Maurice.

Cette coiffure à trois pointes forme un joli cœur, emblème de la Savoie, tout en étant dans le passé la coiffure royale sous le règne de Marie Stuart.

Une œuvre d’art en carton recouverte de riche tissu, paillettes, cordette, etc. ...La frontière est maintenue à l’arrière de la tête par un complexe assemblage des cheveux nattés avec un envertollieur pour former la couache.

Cet ensemble est maintenu par de longues épingles à têtes, opération demandant l’aide d’une tierce personne.Dans certains villages, on épingle sur cette couache un large nœud de rubans dorés. Une bride de fils tissés de perles pend au niveau du cou .

Le tablier en moire ou satin uni, brodé, galonné, retenait les pointes du châle sous sa ceinture.Le costume ne serait pas complet sans les bijoux, ruban de velours ou longues chaines d’or ou d’argent où sont suspendus croix et cœur d'un même métal sans oublier les croissants d’oreilles, magnifique parures.

Cet ensemble du trousseau constituait en grande partie la dot et la fortune des familles savoyardes, précieusement abritées dans le "mazot". Pour la conservation de toutes ces traditions vestimentaires une charte du costume savoyard à été instituée permettant ainsi de transmettre ce savoir-faire ancestral.

Toilettes et parures d'été

La toilette de satin mauve pâle est formée d'une jupe longue en biais, portant deux volants de dentelle et rubans de satin garnis de nœuds plats, qui sont disposés en arceaux sur le devant de la jupe. Une traîne bordée de volants de dentelle revient jusque sur les côtés de cette jupe. Plusieurs volants de dentelle y sont posés, intercalés par de grosses boucles en satin. Le bas des manches et la veste longue cintrée sont recouverts de très vieilles dentelles. De gros nœuds plats permettent la fermeture de cette veste. La chevelure est maintenue sous des coques de satin et de plumes mauves.

Une petite ombrelle de satin, recouverte de chantilly noire, complète cette tenue. Le fond de jupe en satin bleu pâle est surmonté d'une jupe en soie turquoise, formant plusieurs volants, chacun d'entre eux étant bordé d'un galon très ancien à picots, et agrémentés d'une bordure de vraie dentelle de Bayeux.

Cette dentelle, dite du "petit rond de Bayeux" a été réalisée spécialement par une dentellière professionnelle et expérimentée pour ce tableau. La veste cintrée est garnie de cette même dentelle, et du galon à picots.

Un châle en chantilly est posé sur le bras de cette demoiselle. La coiffure, toute en fleurs de tissu, rappelle la couleur du fond de sa jupe. Des velours de soie et de cotonnade ont été nécessaires pour recréer ce décor de jardin.